En cette journée du 8 Mars 2023, le combat pour les droits des femmes nous semble plus important que jamais.
Nous souhaitons exprimer notre profonde solidarité avec les citoyennes iraniennes mobilisées et engagées suite à la mort de Mahsa Amini. Nombreuses sont celles qui ont laissé leur vie au nom du combat pour la liberté et l’émancipation.
Avec la révocation en juin dernier de l’arrêt « Roe contre Wade » de 1973, c’est bien le droit fondamental à l’avortement que la cour suprême des Etats Unis remettait en cause.
On pourrait continuer, conditions des femmes afghanes effacées de la vie publique sous le régime des talibans, violences sexuelles utilisées comme arme de guerre remis sur le devant de la scène au Tigré et en Ukraine et utilisées dans tant d’autres conflits depuis tant d’années (RDC, Bosnie, Rwanda…)
Comme l’a déclaré avant-hier le chef de l’ONU : « L’égalité entre les sexes s’éloigne de plus en plus (….) Au rythme actuel, l’ONU Femmes la fixe à dans 300 ans (…) le progrès effectué depuis des décennies disparaît sous nos yeux »
Nous en sommes là en 2023. Constat.
Ce soir certains d’entre nous serons présent.e.s pour soutenir la marche mondiale des femmes pour revendiquer « une économie féministe durable, soucieuse du bien être de toutes et tous. »
Nous soutenons l’ensemble des initiatives organisées par le secteur associatif visant à parler du droit de TOUTES les femmes de notre société dans leur diversité : femmes en situation de précarité, femmes migrantes, femmes cisgenres et transgenres, femmes blanches et racisées, femmes incarcérées.
Au quotidien dans nos rencontres avec les Femmes usagères de drogues, nous devons faire face à la complexité, la gravité et l’intrication des problématiques auxquelles elles sont confrontées. Violences conjugales, violences de genres, prostitutions, stigmatisation en tant qu’usagères de produits, stigmatisation en tant que mères usagères, stigmatisation en tant que femmes…Bref, les femmes usagères de drogues cumulent les vulnérabilités, sont exposées à une stigmatisation démultipliée et doivent mobiliser des ressources inouïes pour survivre. Cela aboutit à un retard à la demande d’aide et même parfois à non recours à l’aide. Face à cette complexité, force est de constater que notre offre d’accueil et de soins est insuffisante dans le large secteur social-santé.
Nous devons donc travailler pour intégrer les dimensions spécifiques liées au genre dans nos services « assuétudes ». Et nous devons œuvrer pour que les services d’autres secteurs prennent davantage en considération les femmes consommatrices.
Croiser les regards et les disciplines pour décloisonner. Se former, s’outiller, consulter et intégrer les paroles et revendications des femmes usagères, c’est l’enjeu du groupe de travail de la FEDITO « Femmes Genre et assuétudes » qui a abouti à une synthèse des constats et des recommandations qui seront diffusées prochainement. A l’instar de nombreuses autres institutions de notre secteur, nous y avons pris part.
Nous finirons par le partage d’un échange que nous avons eu récemment lors d’une intervention de notre équipe dans une institution bruxelloise qui propose certains jours d’ouverture uniquement pour les femmes :
(Travailleur-se) – vous venez régulièrement ici ?
(Femme bénéficiaire) – oui mais je viens seulement les mercredis. D’ailleurs, ce n’est pas juste, pour nous ce n’est possible de venir que les mercredis, alors que hommes ont beaucoup plus de possibilités pour venir.
(Travailleur-se) – Mais les autres jours c’est mixte, donc vous pouvez venir aussi ?
(Femme bénéficiaire) -Ah oui mais non, il n’y a quasiment que des hommes les autres jours, alors on se fait toujours emmerder, on n’est pas tranquilles. Donc je viens que les mercredis…
C’est clair, c’est net : c’est un constat.
Après les constats doivent suivre des actes nous nous engageons à y travailler.