Appel à signature pour intégrer la réduction des risques en prison du 26 juin 2025

Intégrer la réduction des risques en prison !

Appel à signature pour intégrer la réduction des risques en prison : Réseau UNLOCK

Nous, professionnel.les de la santé, représentant.es de la société civile, associations, soignant.es et citoyen.nes appelons à intégrer l’approche globale de réduction des risques liés aux usages de drogues dans les établissements pénitentiaires. Conformément à la loi, les personnes détenues ont droit à une équivalence des soins avec la société libre. Cela inclut la prévention, les traitements et l’accompagnement des personnes détenues consommatrices de drogues/produits.

La réduction des risques liées à l’usage de produits : une approche pragmatique qui a fait ses preuves

Il y a 40 ans, l’épidémie du VIH a imposé un changement de paradigme profond abandonnant l’idéal normatif d’abstinence vers une approche pragmatique de réduction des risques liés aux consommations de produits. En matière d’usage de produits cela a commencé par la mise à disposition de matériel stérile de consommation et l’accès à des traitements de substitution aux opiacés.

L’efficacité de ces dispositifs est aujourd’hui très largement démontrée: diminution des overdoses, diminution de la morbi-mortalité liée aux infections virales et plus globalement, ces dispositifs contribuent à une réaffiliation des personnes dans les soins. Ces programmes sont aujourd’hui largement implémentés dans les sociétés démocratiques.

Paradoxalement, ces outils, pourtant simples et peu coûteux, ne sont toujours pas accessibles en prison. Or, nier leur nécessité revient à ignorer une réalité bien documentée : la drogue circule en prison.

Une réalité : les drogues traversent les murs de la prison

Rappelons plusieurs faits documentés:

les drogues ont circulé, circulent et continueront à circuler en prison.
les personnes usagères de drogues sont surreprésentées dans la population carcérale du fait du cadre législatif prohibitionniste et punitif.
des personnes n’ayant jamais consommé de produits avant de séjourner en prison commencent à consommer pendant leur incarcération.

L’absence de matériel stérile engendre des pratiques particulièrement dangereuses, avec des conséquences graves, tant pour la santé individuelle que collective. Il s’agit donc là d’un enjeu de santé public qui nous concerne toutes et tous.

La consommation de produits en prison : un enjeu sanitaire sociétal

Le déni de la consommation de drogues en prison et l’absence de matériel d’injection et plus globalement de consommation aboutissent à des pratiques particulièrement à risques. Cela impacte la santé individuelle des personnes mais aussi la santé publique.

L’OMS alertait encore récemment sur le retard pris dans la lutte contre l’hépatite C dans l’univers carcéral, ce qui compromet l’objectif global d’élimination de la maladie pour 2030. Les recommandations sont pourtant claires : pour atteindre cet objectif – ambitieux mais atteignable – des actions résolues doivent être menées en prison. Il est donc impératif que les personnes incarcérées puissent être dépistées, traitées et avoir accès à du matériel stérile d’injection et de consommation en prison.

Pourtant, encore aujourd’hui, en Belgique, le dépistage n’est pas proposé systématiquement et l’accès au traitement antiviral encore très compliqué en intra carcéral

La réduction des risques en prison ne peut plus attendre

La réduction des risques ne peut plus rester aux portes des prisons. La circulation de drogues en détention, les contaminations évitables, les overdoses et les ruptures de soins exigent une réponse immédiate, adaptée et fondée sur les principes de santé publique.

Depuis des années et fort.es des recommandations internationales et de notre expérience, nous exhortons les ministres compétent·es, au niveau fédéral, régional et communautaire, à prendre conscience de l’importance d’intégrer cette stratégie d’intervention au sein des établissements pénitentiaires belges.

Chaque jour sans action aggrave les inégalités de santé entre les personnes détenues et le reste de la société. Il est temps de mettre fin à cette situation.

Le 11 avril 2025, Transit, I.Care, Cap-Iti, Réseau Hépatite C, Médecins du Monde, Move et plusieurs soignant·es militant·es se sont mobilisé·es pour créer un nouveau réseau de réduction des risques en prison en commençant par la région de Bruxelles, avec pour objectif de fédérer un maximum de membres à l’échelle nationale sur cette question: le réseau UNLOCK.

Les demandes du réseau UNLOCK sont les suivantes :

La mise à disposition de matériel de réduction des risques directement en prison, et notamment en cellule, afin de permettre un usage plus sûr et de prévenir la transmission des infections (seringues stériles, préservatifs, etc.) ;

L’accès inconditionnel à la prévention, au dépistage et au traitement des maladies infectieuses, notamment le VIH et l’hépatite C, sans critères d’exclusion ni retards injustifiés ;

La diffusion d’informations objectives sur les drogues et leurs risques, accompagnée d’une formation systématique du personnel pénitentiaire (au sens large) à la réduction des risques ;

La réduction des overdoses mortelles par la mise à disposition de naloxone, y compris sous forme de kits remis systématiquement à l’entrée et à la sortie de détention, afin de protéger les personnes les plus exposées au risque de surdose, notamment en période de sevrage ou de reprise de consommation.

Parce que la prison ne doit plus être un angle mort des politiques de santé publique, parce que la réduction des risques est un droit et parce qu’il y a urgence, nous vous invitons à signer et à relayer cet appel !

Le réseau Bruxellois de Réduction des Risques en détention – UNLOCK.

Cet appel à signature a été publié à l’adresse suivante le 26/6/2025

CHU SAINT-PIERRE

Avec le soutien de la Commission communautaire francophone

Webdesigner :
rachida@design-r.be

Réseau Hépatite C – Bruxelles © 2019